Petite étude des fils de montage


Bien plus tard toujours en Angleterre,Izaak Walton et Charles Cotton publieront « The Compleat Angler » en 1653.Et dans ce très fameux bouquin nous trouvons également la description de quelques modèles de mouches artificielles. Mais finalement assez peu d’indications sur les fils de montages.
Par contre le non moins fameux Manuscrit d’Astorga de Juan de Bergara Vegara écrit en 1624 décrit de manière beaucoup plus précise les formules de montage des 36 mouches décrites . Et pour la première fois nous trouvons des indications sur le fil de montage, surtout sur leurs couleurs et leur propriétés.
Par exemple la fameuse Mosca de San Marco (25 Avril) doit avoir une corps fait avec une soie fine de couleur rougeâtre avec des ailes de plumes de coq pardo marron gris, alors que la non mois fameuse Mosca de San Juan (24Juin) doit avoir un corps de soie vert olive épaissie par un cerclage jaune pâle et des ailes en plumes de pardo « negrisco » brun foncé.
N’oublions pas non plus que, toujours pour faire un peu d’histoire, ce sont les pêcheurs anglais du XIXème siècle,leaders incontestés de cette technique qui, pour 99 % des mouches crées et commercialisées,utilisaient ce qu’ils avaient sous la main, mais aussi ce qu’ils pensaient utiles prendre du poisson !
Comme à l’époque l’Angleterre était un empire mondial, un monteur expérimenté pouvait se procurer des milliers de plumes et de poils naturels venant du monde entier et comme le Royaume Uni était aussi le premier producteur de textiles et donc de fils leurs connaissance en la matière était largement supérieure à tous les autres pays, notre monteur pouvait choisir à son goût toutes sortes de matériaux.
Un autre petit saut historique en 1890,nous amène à parler de Messieurs Halford, Marryat et Ogden Smith.
C’est en relisant les ouvrages de ces auteurs historiques de langue anglaise et en feuilletant les Catalogues de Hardy et Veinard de l’époque que j’ai pu trouver trois sortes de fils utilisés. Le progrès industriels permettaient d’obtenir des fils plus standardisés, qui de ce fait permettaient aux monteurs d’obtenir des mouches elles aussi standardisées, aux quelles ils pouvaient donner un nom.
1/ Soie naturelle.
La soie naturelle dont nous avons parlé dans un autre post était utilisée soit sous la forme de soie grège , soit sous la forme de fil de soie floche (torsadé ou retords). Les teintures les plus courantes utilisées étaient le jaune paille, le marron le noir le orange et le rouge cerise. Il existait deux sortes de soies , une fine et une plus épaisse vendue torsadée ou cirée. La marque Pearsall’s Gossamer Silk existe toujours de nos jours. La méthode utilisée pour préparer la soie (en fait le fil de soie) était la même que pour préparer le fil utilisé dans l’industrie textile, les teintures étaient les mêmes,mais ensuite les fils étaient enduits de cire d’abeille et/ou de colophane
2/Fil de coton ciré.
Ce fil de montage était utilisé essentiellement en France et en Espagne et en Italie pour le montage des mouches noyées plus rustiques. L’avantage de ces fils était leur prix vingt fois moins cher que la soie. Mais ils étaient mois solides et surtout moins lisses.Ces fils de coton étaient également cirés à la main avec de la cire d’abeille ou un mélange cire plus colophane pour améliorer l’adhérence, avec les autres matériaux.
3/Fil de chanvre fin ou fil de lin.
Ces fils ont été essentiellement utilisés pour le montage des mouches volumineuses pour le saumon et le brochet.
4/ Les fils métalliques
Ils ont commençé à être utilisés comme fils de cerclage plus que comme fils de montage, pour renforcer les corps des mouches, puis ensuite comme fils de montage pour certaines nymphes (Bare Hook et Pheasant Tail).
Avant la seconde guerre mondiale il n’existait pas encore de système métrique standard.En Angleterre, on parlait de “fine”, “medium”, “strong”, etc. En France et en Espagne, on utilisait parfois le nombre de brins (2, 3 ou 4 torons).
Pour compléter cet historique il faut se souvenir que quand j’ai monté ma première mouche en 1968 il n’y avait sur le marché français que deux types de soie (fine et floche) et une petite dizaine de couleurs disponibles.Mais on pouvait trouver des fils métalliques pour faire des cerclages.
Maintenant cela suffit de parler de choses qui n’existent plus !
Et de nos jours…
Quels sont les principaux fils de montages ?
Je pense que vous savez tous ce qu’est l’I.A. ou intelligence artificielle. ?
Donc voici ce que nous réponds Chat GPT à la question : Les principaux fils de montage pour la fabrication de mouches artificielle
1. Les principaux types de fils de montage modernes (2025)
🔹 Nylon (Polyamide)
Le plus courant aujourd’hui pour les mouches sèches et noyées.
Fins, lisses, solides, et disponibles en de nombreuses couleurs.
Exemples : UNI-Thread, Benecchi, Danville’s Flymaster.
Se divise en :
Fil standard (twisted) : rond et légèrement élastique.
Fil plat (untwisted) : s’aplatit pour mieux répartir la pression sur les matériaux.
Avantage : polyvalent, peu cher, excellente tenue du nœud.
Inconvénient : se détend légèrement avec le temps ou l’humidité
🔹 Polyester
Très utilisé aussi (par exemple Veevus, Textreme, UTC).
Moins élastique que le nylon, mais plus résistant à la rupture.
Supporte bien la cire et les solvants modernes.
Avantage : tension constante, brillance discrète.
Inconvénient : moins souple sur petits hameçons.
🔹 GSP (Gel Spun Polyethylene, ou Spectra/Dyneema)
Ultra-résistant et très fin (jusqu’à 50D ou moins).
Matériau utilisé aussi dans les fils de pêche tressés.
Exemple : Nano Silk (Semperfli), Veevus GSP.
Avantage : résistance exceptionnelle, idéal pour streamer, cervidés, ou mouches à poils.
Inconvénient : glissant — nécessite souvent un point de colle ou cire spéciale.
🔹 Kevlar / Aramide
• Moins courant aujourd’hui, remplacé par le GSP.
• Toujours utilisé pour les montages très solides (mouches à brochet, articulées).
🔹 Soie synthétique / naturelle moderne
• Toujours appréciée pour les montages classiques ou esthétiques.
• Marques : Pearsall’s Gossamer (encore produite), UNI Silk, Veevus Silk.
• Employée pour les corps de mouches noyées ou les montages “old school”.
2. Codification moderne (2025)
Les fils sont maintenant classés par leur diamètre et leur résistance et non plus en denier, ce n’est pas très important !
Plus il y a de deniers plus le fil est gros et plus le numéro est élevé plus le fil est fin. :
Code Épaisseur approx. Usage typique
18/0 (30–40D) Ultra-fin Micro-mouches (hameçons 22–26)
14/0 (50–70D) Ultra fin Mouches sèches fines
8/0 (70–80D) Fin Standard Mouches sèches / noyées standard
6/0 (100D) Fin Moyen Nymphes, petites streamers
3/0 (200D) Épais Grosses nymphes, streamers
GSP 50D–200D Variable Poils, cervidés, brochet, articulés

Comme vous le constatez, les outils restent des outils, et l’I.A. n’est qu’un outil supplémentaire, et finalement nous ne sommes pas bien plus avancés.
C’est pour cela que je ne suis pas vraiment inquiet des progrès de la technologie informatique.
Donc je vais vous donnez mon point de vue pour l’utilisation des différents fils de montages que nous avons maintenant à notre disposition.
Quand vous fabriquez une mouche le plus important est de savoir quel volume et quelle tonalité vous allez donner à votre mouche. Le fil de montage sera donc ou un simple moyen de fixer les « ingrédients » soit un ingrédient ! Et donc vous pourrez imaginer ce que vous voudrez à partir de cette base. Les fils sont maintenant classés par leur diamètre et non plus en denier, ce n’est pas très important ! Plus il y a de deniers plus le fil est gros et plus le numéro est élevé plus le fil est fin.
Par contre plus un fil est épais plus il va prendre de la place sur l’hameçon, et donc vous devrez en tenir compte pour la fabrication de petites mouches. Et si vous utilisez des fils de soie de diamètre 6/0, pour faire le corps de la mouche assurez vous surtout que la couleur ne change pas une fois mouillés.
Si vous utilisez des nano fils très très fins et classés comme incassables (!), vous verrez vite que d’une part ils ne sont pas plus incassables que je suis archevêque, et surtout qu’ils glissent énormément, dès que vous les utilisez, sur des hameçons de taille 14 et plus. Vous êtes donc obligés de rajouter un peu de colle superglue, ce qui généralement conduit à une catastrophe.
Un petit truc de vieux monteur….. à ce propos, au moment du nœud final il est de bon ton pour consolider la mouche de rajouter du vernis ou de la Cyanolite. Ce qui est le meilleur moyen pour boucher l’œillet et donc de vous faire, au mieux perdre du temps, au pire perdre votre « self control » légendaire quand les truites gobent enfin comme des folles et que vous n’arrivez pas à enfiler le nylon dans l’œillet bouché. Ne faites pas de nœud contentez vous d’enduire délicatement votre fil de montage avec un tout petit peu de super Glue, enroulez tout aussi délicatement, laissez sécher une quinzaine de secondes et coupez au ras.
Vos œillets ne seront jamais bouchés et vos mouches indestructibles !
Autres utilisations des fils de montage .
Pour essayer d`être plus complet que mon ami Chat GPT, je dois vous dire un mot sur les fils métalliques ou apparentés. Je vais surtout vous en parler pour vous dire que mis à part le fil de cuivre (que j’utilise pour réaliser le corps d’une mouche très importante sur le rio Ara la Frankara). torsadé avec deux ou trois fibres de queue de faisan, je n’utilise jamais de tinsel pour la réalisation des corps de mouches sèches.
Mais que j’utilise de plus en plus, des fils de montage destinés à la fabrication des perdigones, comme cerclage des corps, vendus sous l’appellation tinsels translucides.
Par contre pour la fabrication des mouches noyées, mes amis espagnols utilisent tous le fil de coton torsadé de la marque Gutterman, chaque monteur ayant sa référence secrète pour imiter LA mouche qui prendra toutes les truites de la rivière.


Pour ma part pour la fabrication des fameuses mouches noyées présentées en amont j’utilise maintenant du fil appelé « laine synthétique », en vente chez tous les bons revendeurs. Ce fil est en fait un fil acrylique de la marque UNI sous la dénomination Poly Yarn ou Yarn. Les couleurs sont très naturelles et très stables
Pour parler du futur vous savez que de plus en plus la technologie prend le dessus sur la poésie, et je suis bien obligé de vous parler des fils de montage UV réactifs, luminescents, fluorescents ... et j’en passe. Je vous renvoie à un post ancien qui traitait de l’œil de le truite et des expériences fort intéressantes sur la luminescence ou la fluorescence. Ces nouveautés n’ont évidemment qu’un seul but faire vendre ! Et ce n’est pas criminel après tout ! Cela nous permet aussi de nous faire rêver à la mouche exacte et à la mouche idéale celle qui va nous permettre de prendre sans bouger toutes les truites de la rivière.
Par contre je n’ai rien à dire sur les fils de montage bio dégradables , ni sur les fils connectés.
Voilà je vous ai résumé à peu prés tout ce qu’il faut savoir sur les fils de montages des mouches modernes…
Mais pour donner un peu de poésie à ce post un peu trop technique à mon goût je me dois de rajouter une citation (pas la même que celle j’avais utilisée pour le post sur les lignes en soie naturelle) mais toujours de Gabriel Garcia Marquez
« L’être humain ne naît pas le jour où sa mère lui donne naissance, mais le fil de la vie l’oblige à se donner naissance, encore et encore . »










