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Les robes des demoiselles du Rio Ara

Gilbert Marc • mai 18, 2023
Les robes des demoiselles du Rio Ara
« C’est vrai que la beauté d’un animal ne peut pas se quantifier comme sa taille ou son poids.
C’est vrai aussi que la passion de la pêche peut fausser un peu notre jugement et quand
nous disons « Quel beau poisson ! » c’est peut-être un excès de langage..... »
Quand j’ai eu la chance de prendre ma première truite avec un ver de terre et un bouchon, j’avoue 
que je n’ai aucun souvenir de sa couleur de la répartition des points rouges et noirs ou de la forme 
des nageoires, je me souviens uniquement de sa taille et de son poids, 350 grammes pour 32 cm. 
Je suis sur et certain que nous l'avons mangé en famille !
 Ce n’est que bien plus tard que j’ai commencé à apprécier vraiment la forme, l’élégance du corps et
l’harmonie des couleurs de la peau des truites. 
J’ai la chance de vivre entouré par des rivières sauvages qui sont peuplées de truites toutes 
différentes et toutes plus belles les unes que les autres Mais surtout depuis bientôt 7 ans ces rivières 
ne sont plus réempoissonnées en truites d’origine étrangère. Le seul alevinage qui persiste est 
l’alevinage par des œufs embryonnés issus de géniteurs eux-mêmes nés dans la rivière et dont le 
patrimoine génétique n’a pas été (on l’espère) trop modifié par les déversements quelquefois 
excessifs de truites adultes. J’ai eu envie de vous faire découvrir, à la fois la beauté de ces poissons 
sauvages et la variété de leurs robes. En essayant d’échapper à l’anthropomorphisme, qui nous fait 
imaginer mille et une choses incroyables concernant le comportement des truites, je vous présente 
mes demoiselles d’Aragon dans leurs plus beaux atours.
Et je tiens à préciser que tous les poissons photographiés sont repartis sains et
saufs dans leur élément.
 

Avant de présenter la rivière qui me fascine,et ses truites magiques, je vais faire un bref rappel de biologie animale ! 


Salmo trutta est une espèce de poissons de la famille des Salmonidés qui correspond à la truite  commune européenne.

 L'espèce est polymorphe. 

Selon les variétés locales et la situation côtière ou continentale d'un cours d'eau, une proportion très variable des truites qui y naissent peuvent migrer en mer.  C'est potentiellement une espèce invasive en Amérique du Nord. 

Systématique 

Classe des Actinoptérygiens

 Ordre des Salmoniformes, Famille des Salmonidés, Sous–famille des Salmoninés !

 Salmo trutta fario (Linnaeus, 1758) 

Variations de formes ou morphes 

Depuis ses débuts la taxonomie*de l'espèce a connu de nombreux changements parsemés d'erreurs  et le consensus actuel reste bordé d'incertitudes ; il est bon de considérer cette taxonomie comme provisoire.

* La taxonomie est la science des lois et de la classification

 Il existe plusieurs formes ou morphes, variant selon l'environnement dans lequel elles vivent :

 • La truite fario ou Salmo trutta (forme) fario, croissant en rivière,

 • La truite de mer ou Salmo trutta (forme) trutta, pour les individus ayant migré en mer,

 • La truite de lac ou Salmo trutta (forme)lacustris, pour les individus qui croissent dans un lac. 

Malgré leurs aspects assez différents, ces groupes ne sont pas des sous-espèces mais forment une seule population dans chaque rivière ou ensemble de cours d'eau voisins où ils se reproduisent. Les différentes variétés de truites ont en commun une forme hydrodynamique, leur corps est fusiforme et élancé mais les robes sont très variables. 

La peau est couverte de petites écailles cycloïdes lisses. La truite fario a un pédoncule caudal épais. 

La truite de rivière possède une grosse tête et une large bouche qui dépasse l’aplomb du bord  postérieur de l'œil et qui est garnie de dents acérées. La nageoire caudale a un bord postérieur très peu échancré (presque droit) et la nageoire dorsale est réduite. La truite fario se reconnaît aisément grâce à la nageoire adipeuse -petite nageoire placée entre la dorsale et la caudale - caractéristique de

la famille des salmonidés.


Salmo trutta fario est une variété qui comporte plusieurs souches en fait deux principales :

1/Truite atlantique :

 Elle se caractérise par 

A – Des zébrures (Marques de Parr) quelquefois absentes et plus courtes et plus rondes, que dans la 

souche méditerranéenne. 

B - Une frange blanche bordant la partie inférieure de la nageoire anale 

C - La ligne latérale est bien visible recoupant souvent des points rouges ocellés de blanc

 D - Gros points rouges ou noirs cerclés de blanc 

E - Nombre de points sur l'opercule inférieur à 8 et toujours inférieur à 15

 F – Présence aléatoire d'un point noir sur le préopercule. 



2/Truite méditerranéenne : 

A – Zébrures (marques de Parr)toujours présentes visibles sur la toute la hauteur du corps. La 

plupart des auteurs disent qu’une truite méditerranéenne se reconnaît facilement par ses trois 

zébrures transversales.

 B - pas de frange blanche sur la nageoire anale

 C - ligne latérale peu visible voire invisible 

D - les points sont petits, de forme irrégulière, plus souvent noirs que rouges

E - le nombre de points sur l'opercule est supérieur à 8 et souvent à 15

 F - un point noir est toujours présent sur le préopercule.





Une des truites du Rio Ara

Voici une truite de type Atlantique introduite depuis plus de 50 ans dans la plupart des rivières européennes


En Aragon depuis l'origine des rivières actuelles et après la dernière glaciation la souche

méditerranéenne s'est imposée. 

Le Rio Ara 

La rivière emblématique du Haut Aragon c’est incontestablement le Rio Ara ! 

« Ara como un rio » est le livre publié en 2018 qui retrace l’histoire du petit village de Janovas, 

symbole de la lutte des habitants d’une vallée magnifique, contre le projet de construction d’un 

barrage hydro électrique qui n’avait aucune réelle utilité économique ni encore moins écologique. 

Au bout de trente années de mini guerre civile avec la destruction presque totale de toutes les 

maisons par les ouvriers chargés de l’édification du barrage, après le départ pour ailleurs, de tous les

habitants ou presque, le projet de barrage fut abandonné, grâce à l’avis de la Commission 

Européenne. Pendant toute cette période le Rio Ara qui était considéré par beaucoup comme une des

meilleures rivières à truites des Pyrénées Centrales, subissait d’autres outrages. Nous étions à la 

période où, sous la pression des pêcheurs, les sociétés de pêche, les organismes régionaux et 

nationaux en charge de la gestion des rivières n’avait qu’un seul but : « satisfaire leurs adhérents en 

déversant le plus de truites possibles » Cette politique de maintien artificiel de populations 

piscicoles a entraîné une vraie catastrophe environnementale. Après avoir mis dans la rivière des 

truites arc en ciel qui ne survivaient généralement pas plus de quelques semaines, les responsables 

ont introduit des millions de truites farios, issues de la fameuse souche danoise, donc de souche dite

atlantique. Ces truites non seulement avaient le mérite de pouvoir mieux s’adapter à leur nouvel 

environnement, et donc de donner satisfaction aux pêcheurs, d'être plus faciles à élever en 

pisciculture,mais surtout pouvaient se reproduire en rivière. Ce que nous ne savions pas à l’époque 

c’est que la reproduction allait donner lieu à des souches ni méditerranéennes ni atlantiques, mais à 

des souches hybrides. Personnellement je suis philosophiquement plutôt favorable au métissage et 

aux échanges inter raciaux, mais ceci est valable (je le crois) dans le cadre de l’espèce humaine.

Les bases de l’étude des écosystèmes nous apprennent que Mr Darwin avait raison, c’est le milieu 

qui détermine l’évolution naturelle des espèces et non la main du Créateur ou d’une puissance 

étrangère ! Les truites de souche méditerranéenne qui peuplaient les rivières il y a 100 ans étaient 

parfaitement adaptées à leur rivière et pouvaient résister à des phénomènes climatiques normaux en 

montagne et moyenne montagne. En 10000 ans date de la dernière glaciation, petit à petit, la 

sélection darwinienne a fait que la souche méditerranéenne du Rio Ara a pris le dessus et s'est 

parfaitement adaptée. Par contre dans le cas des truites introduites c’est une autre histoire, car si les 

truites de souche méditerranéenne pure fruit d’une évolution plurimillénaire ont une capacité 

exceptionnelle de résistance, aux variations de débits et de température des eaux du versant sud des 

Pyrénées, c’est loin d’être le cas pour les souches atlantiques pures et pour les souches hybrides de 

deuxième troisième ou quatrième génération. Ce qui fait que lors des sécheresses à répétition des 

années 2012, 2016 et 2017, la population de truites a chuté de manière dramatique ! Et les 

rempoissonnements n’ont servi à rien ! La nouvelle politique de gestion décidée depuis 7 ans par le 

gouvernement provincial d’Aragon et la Fédération de Pêche d’Aragon est en vigueur depuis fin 

2017. 

On peut parler de politique de gestion patrimoniale :

• Arrêt total de tout déversement de truites adultes d’origine atlantique ou méditerranéenne. 

• Diminution drastique des prélèvements par les pêcheurs – 6 kms sur 64 kms sont en régime « 

extractivo » avec une limite journalière de 3 truites par jour ( de taille comprise entre 21 et 25 cm) 

ou de 1 truite de plus de 60 cm.Tout le reste du Rio Ara est classé sin muerte ! 

 Limitation du nombre de permis journaliers sur les différents cotos sociales (entre 8 et 15). 

• Travaux d’aménagement des frayères et mise en place de boites Vibert bio dégradables contenant 

des œufs fécondés issus des géniteurs choisis comme étant spécifiques à chaque vallée.

D’après mes informations le Rio Ara n’a pas reçu d’apport de truites exogènes adultes depuis 5 ans. 

Nous sommes en novembre 2022. Donc la durée de vie d’une truite étant en moyenne de 5 à 10 ans 

on peut imaginer que presque tous les poissons que nous prenons sont nés dans la rivière. En fait en 

pêchant régulièrement l’ensemble des parcours je me suis rendu compte que probablement par 

adaptation au milieu et par mimétisme, mais aussi probablement par rapport à la nourriture, les 

robes de truites varient beaucoup entre le haut de la rivière et les parties située plus en aval. 

Mais ce qui est sûr c’est que le phénomène d’hybridation a joué et que comme vous le verrez nous 

trouvons des truites dont la morphologie et la robe varient énormément, sur la même portion de 

rivière, vous pourrez prendre une truite pure souche, une hybride, et une autre truite issue de ??? 

avec une robe un peu surprenante !

 De plus le Rio Ara est une rivière sans barrages, mais elle se jette dans le Rio Cinca au niveau de la

ville de Ainsa, et immédiatement après son confluent commence le réservoir de Mediano qui 

contient une population importante de truites farios qui en 50 ans se sont transformées et petit à 

petit sont devenues des truites lacustres. Et ces truites de lac remontent en fin de saison pour 

chercher des frayères. Et comme la pêche est ouverte jusqu'au 31 octobre il n'est pas rare de prendre

des truites à la robe typiquement lacustre. C'est surtout vrai sur le bas du Rio Cinca, mais en toute 

fin de saison les truites du coto de Boltana sont plus souvent de type lacustre que de type rivière .



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